Puis vient le monde sauvage, représentation du néant, du mal où le plus fort élimine les plus faibles. Les végétaux s’affrontent sans ordre précis. Dans ce monde sauvage, on peut penser, que de tout temps, les hommes ont étudié les végétaux pour en définir leurs vertus. Au monde sauvage s’oppose le jardin des moines, l’Hortus conclusus ou jardin clos, où les plantes du monde sauvage se retrouvent classées, rangées, domestiquées et surélevées dans des banquettes en briques. Jardin du bien, les plantes sont passées du monde sauvage à l’élévation grâce au pont, passerelle entre le mal et le bien. Deux arbres symbolisent d’ailleurs ce bien et ce mal (l’amandier pour l’Arbor bona et l‘abricotier pour l’Arbor mala) et sont plantés de part et d’autre des douves séparant les deux mondes.
L’hortus conclusus témoigne du jardin des moines, le jardin de cloître. De forme "carré", il représente le monde terrestre, le cercle étant réservé au monde céleste. Ce carré est lui-même divisé, à nouveau, en quatre carrés dont deux transformés en rectangle. Quatre grandes allées en forme de croix, séparent les parcelles et symbolisent les quatre fleuves de la bible partant de l’Eden représenté, dans notre jardin, par une structure en bois rappelant le clocher. Ce jardin est entouré d’une clôture et deux portes permettent l’accès à la représentation du l’Eden. Ce jardin est réservé aux initiés et à l’étude des plantes, ainsi celles-ci sont disposées dans un classement bien précis : les potherbes (plantes dont on consomme les feuilles), les racines, les cucurbitacées, les légumes grains, les aromatiques et les condimentaires.
En sortant du jardin clos, nous quittons le jardin monastique pour nous rendre dans le jardin de la courtoisie, le jardin des princes et des poètes : l’hortus deliciarum. Une banquette enherbée au-dessus de laquelle pousse un rosier grimpant rappelant le "Roman de la Rose". C’est le jardin de l’amour courtois pour les damoiseaux et les damoiselles. De chaque côté, des fleurs agrémentent cette parcelle. La banquette est adossée au mur castral. Ce dernier représente l’histoire des châteaux forts avec dans les premiers temps, les remparts avec des meurtrières, créneaux et tours. Dans un second temps lorsque les rois de France auront rétabli la paix sur le territoire, mâchicoulis, créneaux et meurtrières seront remplacés par des fenêtres pour que la lumière entre dans le château, si sombre autrefois.
Une porte permet de relier le jardin castral au jardin abbatial. On l’appelle la "Porte Royale", en effet, on peut observer qu’au-dessus de celle-ci sont plantées des iris, symbole des rois de France. Et pourtant, on parle le plus souvent des lys royaux que des iris, une erreur de l’histoire que nous avons voulu corriger. Une tête de lion se situe juste en dessous des iris royaux et nous rappelle que le royaume de France fut pendant cent ans en guerre contre les "Anglois" et qu’ils ont été boutés de notre pays après de nombreuses batailles ; d’où la tête de lion se faisant écrasée par les lys (iris) royaux de France. Dans le mur, à droite de la banquette, nous avons installé la pierre du tailleur que nous avons retrouvé dans les ruines du château de Wagnonville.
En partant à droite, par rapport la porte du cloître, nous allons passer sous une pergola où poussent vignes et rosiers mais également les framboisiers. Ces derniers auraient été ramenés dans notre pays lors du retour des croisades. Quant aux rosiers, on connaît l’engouement des ces plantes au Moyen Age à partir du 12e siècle et e leur place dans la littérature. Ces roses seront sublimées dans les rosaces de vitraux qui ornent nos églises, nos cathédrales et de nombreuses abbayes. Un carré du jardin clos est réservé à une rosace, réalisée en buis, représentation de la rose attribuée à la Vierge Marie. Pour observer cette rosace nous vous conseillons de monter au chemin de ronde de l’autre côté du mur.
En quittant l’herbularius, nous atteignons le jardin abbatial appelé aussi le viridarium, où nous trouvons le puits de forme arrondie pour rappeler Dieu car le cercle est la forme la plus parfaite. Une cabane en bois, agrémentée de deux petites parcelles de terre où poussent différents végétaux ramenés par le moine herboriste, porte le nom d’herbarium. Le moine préparera les potions, les baumes, les sirops… La table des connaissances permet les préparations. Nous arrivons ensuite dans le vergier cimetière ou pomarium cœmeterium, lieu de repos des moines défunts au pied des arbres qu’ils avaient plantés lors de leur arrivée dans l’abbaye.
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